TOUT ET SON CONTRAIRE
(Photo de Carl Burton)
«C’est comme prendre le rôle d’un monstre de Frankenstein et de se demander : Qui suis-je ? Qui m’a créé ? Pourquoi suis-je comme ça ? Qu’il y a-t-il de bon en moi ? Qu’il y a-t-il de mauvais en moi ? Qu’il y a-t-il d’éternel en moi ? Qu’il y a-t-il d’évanescent en moi ? Et tous les gens de la série planchent sur ce même problème, mais pour des raisons différentes. C’est là le cœur de la série : Qui sommes nous ?»
Joss Whedon à propos de Dollhouse
Post nécessitant la prise de RTT j'annonce (même que je n'exclus pas d'en faire un triptyque tu vois le genre).
Je vais d'abord vous parler de Joss Whedon, de Buffy et de Dollhouse... pour en arriver au coeur du sujet: l'identité...
Ouais je parle outrageusement de Whedon, c'est pénible!
J'ai grandi avec la série Buffy, the vampire slayer. ( «mais ouais on sait Marie, tu nous l'as dit 100 fois, tu radotes» dixit les énervés du fond que j'aime quand même ).
J'étais ado (grande ado, certes, mais chacun son rythme on oublie trop souvent de le rappeler) quand elle était ado. Alors ses guerres je les ai menées avec elle (dans mon canapé, au chaud). Buffy était un immense modèle pop pour moi. Ses problèmes étaient les miens (dans mes proportions normales de ma vie normale sans pieu ni kung-fu) et les réponses que la série apportaient ont été de vraies pistes.
Je sais que ceux qui ne connaissent pas bien Buffy trouve que c'est nul et bête comme série (et vintage il faut que je m'y habitue) mais pour moi, elle est surtout très différente de tout ce qui faisait à la fin des 90's à la télé américaine.
Bon je vous en ai déjà assez parlé ici...
Je voulais aujourd'hui revenir sur son aspect le plus étonnant (pour moi), son ambivalence.
Plus précisément, l'ambivalence des personnages.
À de rares exceptions près (Twin Peaks notamment), les séries (teenage a fortiori) n'étaient pas d'une grande complexité psychologique.
Le bien était reconnaissable, le mal aussi, et une fois fixé, ça ne bougeait pas beaucoup, impossible de se perdre dans l'éthique de Beverly Hills.
Les seuls moments où les personnages faisaient des trucs "amoraux" (genre boire des bières, hardcorde) c'est quand ils étaient déprimés et ça précédait quasi-systématiquement une intervention familiale et/ou amicale auprès du dit "égaré" pour le faire rentrer dans le droit chemin.
Pas dans Buffy. Les limites entre le bien et le mal n'étaient pas toujours très claires et surtout elles étaient mouvantes. Le personnage le plus juste, droit, moral, intègre pouvait basculer dans le pire, de son plein gré (à cause d'une immense tristesse par exemple)... Et inversement mais ça c'est déjà plus courant à la télé (le méchant pas si méchant).
On a tendance à dire que les fictions sont trop manichéennes, qu'elles ne ressemblent pas suffisamment à l'ambiguïté de la vie ( moins maintenant ) mais ce que je trouve étrange, c'est de constater que ce qu'on décrit comme factice dans les séries (l'absence de contradiction) soit toléré dans la vraie vie... Il n'est pas simple de constater, intégrer, accepter sa propre ambiguïté, pire de comprendre que nos motivations et projets sont parfois absolument antinomiques.
Etape 1 terminée.
Entracte là, non?
Passons à Dollhouse.
C'est aussi une série de Whedon, moins connue, car ayant eu nettement moins de succès que Buffy. Elle a succédé à Firefly, la série coupée dans son envol de Joss.
De ce que j'en ai lu, Dollhouse est née lors d'une discussion entre Whedon et Eliza Dushku (Echo / Caroline / Faith).
Il demandait à l'actrice ce qu'elle comptait faire maintenant, quels étaient ses plans et de fil en aiguille, ils ont basculé, de son expérience à elle, à une réflexion plus profonde sur qui elle était et sur son identité... Et sur l'identité!
Alors cette anecdote, c'est peut-être juste pour le mythe, mais on s'en fout...
Si vous ne connaissez pas cette série, je vous force à la regarder de toutes mes forces.
Ca part comme comme une mauvaise interprétation de Alias (Jennifer Garner en combi qui moule rappelle toi!) mais si on va jusqu'à l'épisode 6 ou 7, on bascule dans autre chose.
Ca raconte l'histoire d'une musée de "poupées" humaines où des repris de justice, acceptent de céder leur corps (désincarné puisqu'on leur a enlevé leur âme, leur histoire et leur personnalité) afin d'effectuer des missions (concerts, prostitution, infiltration, amour...).
Ils sont des coquilles vides qu'on remplit d'âme le temps d'une mission (ils en enchaînent sans arrêt, des sortes de passes de vie).
Caroline accepte de céder son corps et devient Echo, une poupée. Tous ces remplacements de personnalités sont censés être sans conséquence, sauf que les personnalités qu'Echo va occuper vont peu à peu (sans explication) laisser une empreinte, un souvenir en elle.
C'est une réflexion sur la personnalité, l'identité très profonde (surtout fin de saison 2 qui est un poil complexe, j'ai pas tout compris tout de suite autant vous le dire, n'ayons pas honte).
La personnalité d'Echo est une accumulation de strates, elle est protéiforme, ambivalente, complexe, non conforme. Elle est humaine. Echo est absolument humaine, elle est possiblement toutes les personnalités qu'elle a déjà été (et des fois c'était des tueurs). Elle peut faire appel à ce dont elle a besoin quand elle en a besoin.
Elle n'a pas peur d'elle et n'émet aucun jugement moral sur elle-même.
Je suis trop longue, je le savais...
Je reviens demain avec le coeur de notre problème, en quoi ça peut nous aider e voir Echo être toutes ces strates et Buffy être aussi bonne que mauvaise?
Love, à demain.
Je vais d'abord vous parler de Joss Whedon, de Buffy et de Dollhouse... pour en arriver au coeur du sujet: l'identité...
Ouais je parle outrageusement de Whedon, c'est pénible!
J'ai grandi avec la série Buffy, the vampire slayer. ( «mais ouais on sait Marie, tu nous l'as dit 100 fois, tu radotes» dixit les énervés du fond que j'aime quand même ).
J'étais ado (grande ado, certes, mais chacun son rythme on oublie trop souvent de le rappeler) quand elle était ado. Alors ses guerres je les ai menées avec elle (dans mon canapé, au chaud). Buffy était un immense modèle pop pour moi. Ses problèmes étaient les miens (dans mes proportions normales de ma vie normale sans pieu ni kung-fu) et les réponses que la série apportaient ont été de vraies pistes.
Je sais que ceux qui ne connaissent pas bien Buffy trouve que c'est nul et bête comme série (et vintage il faut que je m'y habitue) mais pour moi, elle est surtout très différente de tout ce qui faisait à la fin des 90's à la télé américaine.
Bon je vous en ai déjà assez parlé ici...
Je voulais aujourd'hui revenir sur son aspect le plus étonnant (pour moi), son ambivalence.
Plus précisément, l'ambivalence des personnages.
À de rares exceptions près (Twin Peaks notamment), les séries (teenage a fortiori) n'étaient pas d'une grande complexité psychologique.
Le bien était reconnaissable, le mal aussi, et une fois fixé, ça ne bougeait pas beaucoup, impossible de se perdre dans l'éthique de Beverly Hills.
Les seuls moments où les personnages faisaient des trucs "amoraux" (genre boire des bières, hardcorde) c'est quand ils étaient déprimés et ça précédait quasi-systématiquement une intervention familiale et/ou amicale auprès du dit "égaré" pour le faire rentrer dans le droit chemin.
Pas dans Buffy. Les limites entre le bien et le mal n'étaient pas toujours très claires et surtout elles étaient mouvantes. Le personnage le plus juste, droit, moral, intègre pouvait basculer dans le pire, de son plein gré (à cause d'une immense tristesse par exemple)... Et inversement mais ça c'est déjà plus courant à la télé (le méchant pas si méchant).
On a tendance à dire que les fictions sont trop manichéennes, qu'elles ne ressemblent pas suffisamment à l'ambiguïté de la vie ( moins maintenant ) mais ce que je trouve étrange, c'est de constater que ce qu'on décrit comme factice dans les séries (l'absence de contradiction) soit toléré dans la vraie vie... Il n'est pas simple de constater, intégrer, accepter sa propre ambiguïté, pire de comprendre que nos motivations et projets sont parfois absolument antinomiques.
« Et pour les reste de votre vie, vous ferez, à certains niveaux, le contraire - pas seulement de que vous êtes en train de faire- mais de ce que vous pensez être»
Encore Whedon
Etape 1 terminée.
Entracte là, non?
Passons à Dollhouse.
C'est aussi une série de Whedon, moins connue, car ayant eu nettement moins de succès que Buffy. Elle a succédé à Firefly, la série coupée dans son envol de Joss.
De ce que j'en ai lu, Dollhouse est née lors d'une discussion entre Whedon et Eliza Dushku (Echo / Caroline / Faith).
Il demandait à l'actrice ce qu'elle comptait faire maintenant, quels étaient ses plans et de fil en aiguille, ils ont basculé, de son expérience à elle, à une réflexion plus profonde sur qui elle était et sur son identité... Et sur l'identité!
Alors cette anecdote, c'est peut-être juste pour le mythe, mais on s'en fout...
Si vous ne connaissez pas cette série, je vous force à la regarder de toutes mes forces.
Ca part comme comme une mauvaise interprétation de Alias (Jennifer Garner en combi qui moule rappelle toi!) mais si on va jusqu'à l'épisode 6 ou 7, on bascule dans autre chose.
Ca raconte l'histoire d'une musée de "poupées" humaines où des repris de justice, acceptent de céder leur corps (désincarné puisqu'on leur a enlevé leur âme, leur histoire et leur personnalité) afin d'effectuer des missions (concerts, prostitution, infiltration, amour...).
Ils sont des coquilles vides qu'on remplit d'âme le temps d'une mission (ils en enchaînent sans arrêt, des sortes de passes de vie).
Caroline accepte de céder son corps et devient Echo, une poupée. Tous ces remplacements de personnalités sont censés être sans conséquence, sauf que les personnalités qu'Echo va occuper vont peu à peu (sans explication) laisser une empreinte, un souvenir en elle.
C'est une réflexion sur la personnalité, l'identité très profonde (surtout fin de saison 2 qui est un poil complexe, j'ai pas tout compris tout de suite autant vous le dire, n'ayons pas honte).
La personnalité d'Echo est une accumulation de strates, elle est protéiforme, ambivalente, complexe, non conforme. Elle est humaine. Echo est absolument humaine, elle est possiblement toutes les personnalités qu'elle a déjà été (et des fois c'était des tueurs). Elle peut faire appel à ce dont elle a besoin quand elle en a besoin.
Elle n'a pas peur d'elle et n'émet aucun jugement moral sur elle-même.
Je suis trop longue, je le savais...
Je reviens demain avec le coeur de notre problème, en quoi ça peut nous aider e voir Echo être toutes ces strates et Buffy être aussi bonne que mauvaise?
Love, à demain.
Commentaires
Dollhouse me tente bien, ça me fait penser à la BD Skydoll (que je conseille aux amateurs :) )
Cynthia: Je n'aime pas cette phrase "tu penses trop!". Comment peut-ôn penser trop? Mal peut-être mais trop… Non je ne le crois pas…
Bise
La-petite-bête17: SFU que j'aime d'amour depuis longtemps…
elodie: :-)
The clothes paper: Ca m'avait bien plu moi… Bise
Dans le genre série ambivalente qui va gratter les zones d'ombres qu'on voudrait cacher car on se croit beau, gentil, droit, et qui, à l'inverse, révèle la droiture des enfoirés pervers, il y a Game of Thrones. Chez nous, on est accros, et en manque total depuis la fin de la 3ème saison T_T
J'aime aussi beaucoup Downton Abbey, qui est tout sauf manichéen, et qui va chercher du côté de ce qu'on voudrait glisser discretos sous le tapis d'un coup de balai... Là aussi, on attend les nouveaux épisodes. On est des toxicos des séries nuancées et sans complaisance (même si les maîtres de maison de Downton sont exceptionnellement humains et bienveillants envers leur personnel).
Gros bisous !