MES 20 ANS CHEZ MAI

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Il y a de ça quelques mois, Mai m'a demandé si je voulais participer à son joli projet "mes 20 ans" et bien sûr, j'ai dit oui.

L'idée, pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore, c'est que de gens de plus de 20 ans (moi par exemple), reviennent sur leurs 20 ans, sur cet âge là, sur leur expérience et sur ce qu'ils en gardent.

J'ai pris du plaisir à revenir sur ces instants là mais ça m'a vachement coûté, c'était dur. Les premiers jets ne me plaisaient pas du tout et puis à force d'y revenir, il en est resté le texte qui suit. Je ne sais toujours pas s'il est bien mais il est juste en tous cas, ma nostalgie présente l'avantage de pouvoir me souvenir avec beaucoup de précisions de tous, ou presque, les âges que j'ai traversés.

Je vous laisse avec la lecture et en profite, puisque je parle de Mai, pour vous signaler que la demoiselle est en train de chercher les fonds pour réaliser son futur film, Les rivières, et qu'elle a besoin d'un coup de main ici et vraiment, ça a l'air d'en valoir la peine.



 « Qu’est-ce que je pourrais raconter de mes 20 ans? Qu’est-ce qu’ils auraient pu m’apprendre ces 20 ans là… Je ne suis même pas sûre d’en faire une analyse pertinente, de réussir à les contextualiser pour expliquer ce qu’est ma vie maintenant…


 Malgré les quelques modifications physiques des années qui se sont écoulées, malgré l’attitude que je suis plus à même d’adapter en fonction de ce que les autres attendent de mon âge, je ne pense pas être chose que mes 20 ans. 

Mais tout de même, si je devais parler de mes 20 ans, j’en dirais quoi?

 Après un tri méticuleux, dans l’espoir de tomber sur la perle, des tas de photos relativement médiocres, certaines jolies, d’autres émouvantes, la plupart mal cadrées et assez floues, d’un quotidien qui n’est plus le mien et dont je me sens à la fois proche et loin, je n’en trouve aucune qui pourrait être montrable. Par montrable, je veux dire sur laquelle je serais vraiment jolie et qui me permettait de dire « que ma vingtaine avait de la gueule », un peu comme ces vieilles dames qui gardent un portait d’elle en sépia ou en noir et blanc de leur jeune âge et sur lequel elles sont canon. Chez moi, rien qui pourrait remporter le concours de la photo à mettre dans ma chambre quand je serai vieille pour me la raconter et dire que « moi aussi , j’ai eu mon moment époustouflant».

 Je grimace sur quasiment toutes celles que j’ai regardées, si cet âge là était une photo, il serait grimaçant et ne se prendrait pas au sérieux, pas par goût immodéré pour la dérision, non, plus par peur que l’on se moque de moi. Je n’étais pas très à l’aise avec l’idée d’être moi au premier degré. A tout point de vue d’ailleurs.

 Je me minimisais et en même temps, je parlais fort et riais à gorge déployée, parce qu’au fond, je ne tenais pas à être mise en valeur et surtout à me prendre trop au sérieux.

 J’avais l’impression que rire perpétuellement de moi allait me protéger des moqueries éventuelles de l’autre. Alors sur la photo de ce post, naturellement, je grimace, c’est le soir, dans une Clio et je fume encore des clopes. Mes cheveux ont leur couleur naturelle, j’ai 22 ans, je porte des collant en résille qui avait fait un vague revival en cette année 2001 et une robe aussi, parce que ce soir là, je suis de mariage. De mariage en novembre peut-être, mais de mariage quand même. On fumait des clopes en écourtant Aznavour, Hier encore même (Hier encore j’avais 20 ans, je caressais le temps et jouais de la vie…) c’est dire si le mariage était guilleret… J’espère qu’on a enchaîné avec un « Les démons de minuit » sinon pourquoi avoir 20 ans si c’est pas pour chanter faux sur un tube des années 80… Vous voyez, encore là, je ne peux me raconter au premier degré!


 La dérision de mes 20 ans, j’avais appris ça de ma mère, c’était la manière d’être au monde qu’elle m’avait transmise. C’était parfait, ça n’embêtait pas l’autre avec mes lourdeurs (elles étaient nombreuses à 20 ans) et ça ne me mettait pas en danger. Parce qu’à l’intérieur, j’avais la vingtaine un peu grave et, c’était très emmerdant parce que le monde entier semblait me hurler que c’était les plus belles années de ma vie et qu’il s’agissait d’en profiter, le reste étant forcément moins bien que ces 20 ans là… Finalement ce n’était pas vrai, il y’a mieux que 20 ans. Pour le moment, même si je continue à avoir peur de la suite, ça n’a été que mieux. Enfin à peu de choses près, certains moment étant plus graves que d’autres, mais il parait que c’est la vie et puis de toute façon, le grave présente cet avantage d’apprécier la légèreté à sa juste valeur. Mais ce dont je suis certaine, en tous cas à la hauteur de ma vie à moi, c’est que 20 ans c’est pas le mieux . A 20 ans tout se complexifie autour de soi et pourtant on en a encore une lecture simpliste (en tous cas moi, je n’avais pas de lecture subtile de mon environnement, que du noir et du blanc partout, que de la radicalité… C’était fatiguant). Alors plus le temps passe et plus le gris entre dans la vie et je trouve ça bien.

 J’avais surtout peur à 20 ans… De globalement tout mais surtout de passer à côté de cet âge là, de ses promesses, de ses enjeux, de ses ambitions, de sa témérité assumée, de sa folie, de sa colère, de sa maladresse pour laquelle le monde a de l’indulgence, de sa force en quelque sorte… Et c’est finalement en me crispant autour de ce qu’on m’avait dit de la vingtaine que je l’ai regardée passer sans trop m’y impliquer.

 Ce que j’en ai retenu, c’est qu’il faut lutter très tôt contre sa peur, que le courage est une des seules qualités valables, une des seules qui aide pour tout.… Il faut faire de son mieux pour être courageux à 20 ans.
Bisous snack et à très vite...

Commentaires

Anonyme Amande a dit…
Je trouve ce texte a ta reflexion tres emouvants.
C est un age si particuliers, ou l on y croit encore, mais ou l on se dit qu on est pas toujours a sa place, et qu on a encore le temps...
A 20 ans j avais l impression d avoir deja grille pas mal de cartouches (j ai ete assez precosse dans plein de domaines et 20 ans etait l age ou je me calmais !), je me souviens que je disais a ma cops de l époque que j etais consciente que l on vivait les plus belles annees de nos vies, celles de l insouciance, parce qu en tant qu etudiantes, on avait la chance d avoir pour seule activite celle d apprendre des choses qui nous passionnaient, avec l aide des parents pour celles qui avaient la chance de se faire payer leur appart.
Neanmoins je pensais que j avais un boulevard de possibilities devant moi, et c est en allant vers mes 30 ans que j ai pris conscience que mes choix a 20 ans m avaient finalement barre des routes, des chemins auxquels je devrais renoncer plus tard.

Je me sens tres differente de cette jeune fille qui avait si peu confiance en sa feminite, et paradoxalement si confiance en un destin qu elle s imaginait dingue ...
Unknown a dit…
Très touchant Marie...

J'ai 23 ans et merde ça dure jusqu'à quel âge ce 20 ans du coup, 25 ??
J'ai l'impression que je suis en retard sur ma vie. Que j'ai "tout loupé", dixit mon cerveau. Et que je ne me suis pas "amusée". Je sais pas trop comment faire ça et surtout j'ai personne avec qui le faire.
Ya une norme sociale qui appuie là dessus c'est clair. L'horloge sociale comme on appelle ça.

Je ne sais pas ce que je vais devenir, j'y pense pas énormément je dois dire :) même si, ça y est, vers 22 ans j'ai compris que ça n'allait pas se faire tout seul...

Pourquoi on se met à raconter sa vie en commentaire ??

Une fois tu parlais de la violence de certains apprentissages et j'avais parlé de mon permis, de ce blocage. Tu m'avais conseillé d'y aller. J'ai fini par aller dans une autre école, et l'avoir du premier coup (à 23 ans ;) ). Bon c'est pas encore la liberté je suis à l'aise tout ca, mais bon, c'est une chose de faite.

Fin du 3615, promis. ;)
renardeau a dit…
No way que je donne des sous au projet de Mai Hua.
Elle est blogueuse mode : elle a qu’a fait du post et du cadal sponso pour financer le bouzin quoi
Anonyme a dit…
Emue, touchee. Merci.
Sol.
Anonyme a dit…
Comme tes mots sont justes...

20 ans (les miens sont loin) c'est bien ce que tu décris. Tout est possible, tant de chemins s'offrent à nous et on reste souvent ligotés par ses peurs, son ignorance voire son éducation.

Vieillir a du bon, murir libère. C'est en apprenant à être notre propre meilleure amie et alliée que tout devient réellement possible.
Unknown a dit…
"J’avais surtout peur à 20 ans… De globalement tout mais surtout de passer à côté de cet âge là, de ses promesses, de ses enjeux, de ses ambitions, de sa témérité assumée, de sa folie, de sa colère, de sa maladresse pour laquelle le monde a de l’indulgence, de sa force en quelque sorte… Et c’est finalement en me crispant autour de ce qu’on m’avait dit de la vingtaine que je l’ai regardée passer sans trop m’y impliquer."

C'est exactement ca!! Et les phrase "On a qu'une fois 20 ans" "Tu vas voir apres c'est plus pareil" "Hier encoooore j'avais 20 aaaaans, je carressais le temps..". On stresses les gens a avoir 20 ans. comme si c'etait le plus bel age. STOP. On en profite pas a force de devoir en profiter.

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